Des chiffres et des lettres.
Première édition de Tiki-Taka. On part donc sur toutes les statistiques en 1.
Derby County a gagné ses lettres de noblesse au début des années 70. Deux championnats anglais remportés par cette petite ville dans le centre du royaume, qui ont fait la fierté de l’équipe bélier. D’ailleurs si certains se posent la question, le terme “derby” est bien né dans cette ville, au XVIIIème siècle, utilisé à l’époque pour évoquer des courses hippiques. Mais Derby County, c’est aussi un bout d’histoire de la Premier League. Un tout petit bout. En 2007, le club remonte enfin en première division après cinq longues années en Championship. Sauf que les Rams vont très vite déchanter et reprendre l’ascenseur. 11 points marqués sur toute la saison, 89 buts encaissés pour…. une seule victoire. Dans les cinq plus grands championnats, personne n’avait réussi l’exploit avant eux. On notera les trois derniers matchs à domicile pour bien finir le boulot: 0-6 contre Aston Villa, 2-6 contre Arsenal et 0-4 contre Reading. Le club n’est jamais remonté depuis, pas plus mal finalement.
En 2000, La Corogne éteint le FC Barcelone et Valence, pour remporter la première et seule Liga de son histoire. Au milieu de la machine galicienne, Mauro Silva, milieu défensif brésilien, fait le ménage en ratissant du ballon. Beaucoup de ballons. Avec un palmarès bien fourni (Coupe du Monde 1994, Copa America 1997 et donc Liga 2000) et la soixantaine de sélections avec le Brésil, Silva a bien roulé sa bosse. Seule ombre au tableau, le joueur n’a inscrit qu’un seul but durant toute sa carrière. Un but en plus de 500 matchs, un ratio qui le classe derrière Ali Ahamada. Un brésilien prudent, assez rare pour être signalé.
Maldini, Giggs, Totti, la bande des fidèles, les hommes d’un seul et même club. Le XI-type a fier allure, le banc des remplaçants aussi. Hommage à ces joueurs qui n’ont pas cédé aux chants des sirènes, et ont sacralisé un phénomène de plus en plus rare. Hommage donc à Nicolas Seube, Jean-Luc Ettori, Djamel Keddou, Claude Puel, Sepp Maier, Jean Petit, Joao Pinto, Ricardo Bochini, Raynald Denoueix, Philippe Hinschberger, Giuseppe Bergomi, Alessandro Mazzola, Anthony Deroin et Hans-Georg Schwarzenbeck. Sans oublier quelques pensionnaires de la maison Contes de Foot, à savoir Matt Le Tissier et Rogerio Ceni, en attendant Loïc Perrin et Romain Danzé.
“Je suis né romain, et je mourrai romain. Je ne quitterai jamais cette équipe ou ma ville.” Francesco, qui d’autre.
Qu’est-ce que le Betis, l’AJ Auxerre et le Deportivo ont en commun? Qu’est-ce qu’ils partagent aussi avec Wolfsburg, la Sampdoria, Strasbourg, le Chievo Vérone ou l’Eintracht Francfort ? Ou même West Bromwich, Lens, Nottingham Forest et le FC Séville? Tous ces clubs n’ont gagné qu’une seule fois leur championnat respectif. Des plus anciens (celui de West Bromwich remonte à l’entre-deux-guerres) aux dernières années (Leicester par exemple), ces clubs ont eu le bonheur de soulever une seule fois le trophée de leur pays. On retrouve des belles pièces, comme celui de la Premier League, mais aussi des vases infâmes, des pensées à nos amis lensois.
Légende rossoneri, Paolo Maldini a joué derrière pendant toute sa carrière. À gauche la majorité du temps, devenant l’une des références mondiales à son poste, bien qu’il soit droitier. Malgré ce rôle, et ses plus de 1000 matchs en carrière, le joueur n’a récolté qu’un seul carton rouge dans toute sa carrière. C’était en 1994 contre le Bayern lors du trophée Luigi Berlusconi, un match amical en mémoire de ce dernier, le papa de Silvio. 1 rouge en 1000 matchs, qui plus est lors d’un amical, monsieur propre malgré les cheveux longs.
Arsenal a fait mieux, c’est vrai. Milan et la Juventus aussi. Ils sont restés invaincus durant toute une saison, ne laissant que des miettes à leurs adversaires. Mais d’autres équipes ont réussi l’exploit de ne perdre qu’un seul match en 38 rencontres, leur rendre hommage aujourd’hui est donc la moindre des choses. On commence évidemment avec les nantais de Patrice Loko en 1994-1995 (défaits 2-0 à la Meinau), le Real d’Hugo Sánchez en 1988-1989 (défaits contre Vigo), sans oublier les Blues de Mourinho en 2004-2005 (défaits par un penalty de Nicolas Anelka) et le Bayern de Kaiser Franck en 2012-2013 (défaits 2-1 par le Bayer). Mention spéciale au FC Barcelone de Lucas Digne en 2017-2018, défaits 5-4 par Levante lors de la…37ème journée.
Déménagement raté.
Michel Platini a rangé sa paire de Patrick le 17 mai 1987, quittant la Juventus après cinq saisons monumentales, trois Ballons d’Or et 1 Coupe d’Europe. Il est le seul français à avoir joué en Italie dans les années 80. Dix ans plus tard, la francese connectin a pris du poids: Zidane, Deschamps, Thuram, Desailly et Djorkaeff, le noyau de France 98 a fait LV2 italien. Mais avant eux, et même avant JPP qui a rejoint les rossoneri en 1992, un autre grand nom du football français a joué le rôle de précurseur et relancé la mode transalpine dans l’Hexagone. Ce joueur, formé à la Paillade et devenu meilleur buteur de l’histoire du club, c’est Laurent Blanc. Pilier du club de Loulou Nicollin depuis 1983, capitaine lors de la remontée du club en D1 en 1987, le français a eu le choix: le grand Bayern, l’OM de Tapie ou la Sampdoria dans la forme de sa vie, mais non, Laurent voulait ses photos à Positano. Alors en 1991, Lolo Bianco rejoint Naples la bouillonnante, orpheline de Diego Maradona.
“Je suis plutôt réservé et méfiant. La ville n’est pas tout à fait conforme à mon tempérament, mais quand on a une opportunité, une offre sérieuse d’un club comme celui-là, on fait abstraction de beaucoup de choses. Après une semaine passée à Naples, on comprend que les napolitains et les italiens aiment vraiment le football et à ce moment-là, on essaie de s’adapter au mieux possible.” Blanc à son arrivée à Naples.
Le français tente le défi napolitain et espère pouvoir exporter son style de libéro buteur, dont il use allègrement depuis son replacement en défense centrale en quelques mois plus tôt (1). Sauf que l’expérience ne va rien donner, et les réticences tactiques de Claudio Ranieri vont avoir raison de sa motivation. Le manager italien est un frileux, il met Blanc et Ciro Ferrara en charnière et leur ordonne de ne pas bouger. Sauf sur corner, où le français a le droit de monter et marque 6 fois, ce qui fait de lui le 4ème buteur napolitain sur la saison.
Le défenseur français, déçu de son manque d’implication offensif, décide de quitter le club après seulement une saison, l’aventure est déjà finie. Malgré une belle quatrième place en championnat, très loin derrière Milan l’invincible (cf. Des Chiffres et des Lettres), le jeu proposé ne lui convient pas et Blanc revient chez lui, à Nimes. Un retour au pays douloureux puisque les crocodiles finiront bons derniers de Division 1, les valises bien pleines. Comme Valenciennes la même année... Il repassera la frontière six ans plus tard sous les couleurs d’un Inter ambitieux (Vieri, Ronaldo, Baggio, Seedorf, Recoba, etc…) mais décevant. Si vous connaissez un autre joueur qui a quitté la merveilleuse Campanie pour le Nimes Olympique, faites nous signe. On cherche toujours.
(1) Avec l’effectif surchargé de Montpellier en 1990 (Cantona, Valderrama, Guérin, Ferhaoui), Laurent Blanc, formé au milieu, recule de plusieurs mètres et joue la saison défenseur. Il ne quittera plus jamais ce poste.
L’image à la une.
Et si les Bleus allaient au Qatar en paquebot. C’est un peu comme le char à voile, mais en plus gros. En tout cas, en 1930, c’était la solution la plus abordable pour permettre aux sélections européennes de rejoindre l’Uruguay, et y disputer la première Coupe du Monde de l’histoire. 2000 personnes sont attendues sur le géant des mers parti de Gênes, avec à son bord les roumains, les français et les belges (les français sont montés lors de l’escale à Villefranche-sur-Mer, près de Nice, les belges quelques jours plus tard à Barcelone). 2 bonnes semaines de traversée pour rallier l’Amérique du Sud, l’inconnue complète pour tous ces joueurs encore amateurs.

La France est en retard par rapport à ses voisins, et n’a pas encore franchi le pas du professionnalisme. Elle ne devait même pas aller à la Coupe du Monde, et doit sa participation à l’influence de Jules Rimet, ancien président de la Fédération Française de Football Association et désormais à la tête de la FIFA. C’est lui, avec Henri Delaunay, qui sont à l’initiative de cette première édition du Mondial. L’amateurisme de la sélection française est un vrai problème, car il faut convaincre les employeurs de chacun des joueurs de les libérer pour la compétition. Avec les 2 semaines de bateau, le mois sur place et le retour, il faut compter au moins deux mois d’absence. Militaire, fonctionnaire, musicien, tous les corps de métier y passent, et beaucoup ne peuvent pas se permettre soixante jours de vacances compétition. Au final, la liste retenue est composée de 16 joueurs (la plupart ayant moins de 3 sélections au compteur), deux entraîneurs et un médecin. Le minimum syndical. À bord du SS Conte Verde, qui récupère également les brésiliens à Rio de Janeiro, les joueurs se préparent comme ils le peuvent, sur le pont, à la piscine, ou dans la petite salle de gymnastique mise à leur disposition.
“Le soir, après le dîner, les passagers ont à choisir entre le bal, les petits chevaux, le cinéma et la comédie.“ Jules Rimet.
C’est justement le contexte de cette image, où l’on voit Edmond Delfour sauter par-dessus des chaises pour garder la forme. Le futur capitaine du Racing Club de Paris a été chargé de l’entretien physique des joueurs français, et met à contribution le mobilier sommaire du paquebot. Un quinze mètres haies, pieds joints, pour se réchauffer un peu les cuisses, avec un pantalon et un pull col V pour éviter d’attraper froid, au milieu de l’océan. Tout ça avant d’aller disputer une Coupe du Monde, l’écart est abyssal par rapport aux préparations des sélections modernes. Une image qui vaut mille mots, et pas mal de souvenirs.
Arrivés à bon port le 4 juillet, en l’occurrence celui de Montevideo, les français posent leurs valises dans la capitale uruguayenne pour plusieurs semaines. Dans une compétition à 13 équipes seulement, les autres ayant renoncé par choix (Italie, Angleterre) ou pour raison financière (le krach boursier de 1929 est passé par là), les français commencent par une belle victoire 4-1 face au Mexique. Les buteurs: Laurent (19’), Langiller (40’), Maschinot (43’, 87’). Deux jours plus tard, au Parque Central devant plus de 20 000 spectateurs, les français s’inclinent 1-0 face à l’Argentine, l’un des favoris de la compétition. Une victoire arrachée à la 81’ de la rencontre, sur un coup-franc lointain de Luis Monti. Ce n’était pourtant pas la spécialité de l’argentin, plutôt adepte des tacles bien appuyés (surnommé sobrement “le boucher”, on en reparle juste en-dessous). Une deuxième défaite face au Chili (1-0) sonnera déjà le glas de cette magnifique aventure tricolore. Contre vents et marées, la France a plutôt bien mené sa barque.
La tunique.
Selon le Larousse, une merveille est toute chose remarquable, d’une rare perfection. Sept mots utilisés pour définir le concept, alors qu’une simple image suffirait: celle-ci. Le maillot third de la Lazio porté en 1994-1995, une ode à la douceur visuelle, et à l’audace des formes. Umbro en est spécialiste: Aston Villa, Parme, Manchester City, l’Ajax et le Celtic, tous sont passés par le double losange au début des années 90, pour le grand plaisir des collectionneurs. Les pièces sont osées et le résultat souvent harmonieux. Le maillot de l’Irlande du Nord 1990-1992 est splendide, l’extérieur de l’Ajax un peu moins (vraiment n’allez pas le voir), celui de la Lazio est une véritable merveille. L’assonance chromatique se rapproche du bleu classique, mais tire vers le gris pour une simple et bonne raison. Si la Lazio utilisait depuis des années un maillot extérieur jaune, en 1994, les deux maillots sont bleus. Compliqué de s’y retrouver quand le club joue à l’extérieur contre le Napoli de Fabio Cannavaro ou la Sampdoria de Ruud Gullit. Du coup, le club n’a pas d’autre solution que de concocter un troisième maillot: gris, désordonné, mais bizarrement réussi. Seuls le col, le bout des manches et le numéro dans le dos sont bleus, pour rester dans le thème.
L’équipe italienne, sous les ordres de Zdenek Zeman - dit le prophète - depuis quelques mois, arbore ce maillot à quelques reprises pour la saison 1995. Une année fabuleuse pour le club qui termine deuxième du championnat (loin derrière la Juventus), la meilleure attaque en prime (loin devant la Juventus), conséquence logique du football offensif prôné par le tacticien tchèque. L’effectif est tout aussi sympathique que le maillot: Zeman a ramené pas mal de joueurs de Foggia dans ses valises, l’argentin José Chamot mais surtout Beppe Signori, petit format mais gros talent (9ème meilleur buteur de l’histoire de la Série A). Derrière lui, on retrouve Alen Boksic fraîchement arrivé depuis la Canebière, Pierluigi Casiraghi, Roberto di Matteo, Paolo Negro, Aron Winter, Luca Marchegiani et Diego Fuser. Ça c’était pour les titulaires, les tauliers du 4-3-3 classique de Zeman.
“Si vous marquez 90 buts, le nombre de buts encaissés ne devrait pas vous inquiéter.” Le football selon Zdenek Zeman.
Mais la liste n’est pas finie, loin de là. Les jeunes Marco Di Vaio et Alessandro Nesta commencent à taper la balle, Flavio Roma est revenu de prêt, Paul Gascoigne est toujours là. Gazza, qui s’est permis de voler le sifflet du coach pour faire marrer les copains, tire un peu la tronche. Beaucoup trop juste physiquement, il passe son temps sur le banc ou à l’infirmerie (il s’est brisé la jambe en voulant tacler… Alessandro Nesta, à l’entraînement). Une bien belle saison pour cette Lazio rafraîchissante, qui pose doucement les fondations des sacres à venir. Avec une finale de Coupe UEFA en 1998, la Coupe des Coupes en 1999 et surtout la favolosa Série A 2000, le club a fini par retrouver les sommets. Du bon goût d’abord, puis du football.
Ça s’est passé un 23 septembre.
Jour de naissance de Paolo Rossi (1956), Clayton Blackmore (1964) et Laurent Battles (1975), trois joueurs qui n’ont absolument rien à voir.
23 septembre 1959: le FC Barcelone l’emporte 6-2 contre Sofia, au 1er tour de la Coupe des Clubs Champions Européens. Le Camp Nou, construit deux ans plus tôt, accueille cette rencontre européenne entre le champion espagnol et le champion bulgare. Largement favoris, les catalans assument leur statut dans ce match qui tourne rapidement en baby-foot. 4-1 à la mi-temps grâce à un triplé de la légende Kubala et un but d’Evaristo (vainqueur de la Copa America 57 avec le Brésil et l’un des premiers brésiliens à vraiment s’imposer en Europe). 6-2 score final après deux nouveaux buts du brésilien, l’addition est salée côté bulgare. Les barcelonais ne feront que deux bouchées du Milan (huitièmes) et de Wolverhampton (quarts) avant de se faire croquer par son rival madrilène en demi. Les blaugranas se consolent avec le championnat remporté au goal-average face au Real, et se vengeront même un an après, en huitièmes de finale de Coupe d’Europe.
23 septembre 1981: l’Allemagne de l’Ouest ridiculise la Finlande 7-1 à Bochum, dans un match de qualification au Mondial 1982. Outre Klaus Fischer, premier buteur de la rencontre et troisième meilleur de l’histoire de la Bundesliga (derrière Lewandowski et Muller), l’armée bavaroise marche sur les pauvres finlandais. Rummenigge envoie son triple hebdomadaire, Breitner s’amuse, Dremmler conclut, une balade de santé, pour fêter le début de l’automne. Sans surprise, les allemands vont finir premier du groupe devant l’Autriche (8 matchs, 8 victoires, 33 buts marqués, 3 encaissés), et iront bien en Espagne pour y disputer la Coupe du Monde. Un mois de juillet 1982 qu’on a tous oublié, bizarrement. Si quelqu’un a les images, merci de ne pas les divulguer.
23 septembre 1993 : le PSG écrase l’AJ Auxerre 4-0 au Parc des Princes. Malgré une superbe attaque (Vahirua, Cocard, Martins), les auxerrois tombent sur un os et ne parviennent pas à transpercer le verrou parisien. Avec Rai, Valdo, Ginola et Weah, le club de la capitale passe la seconde après le premier quart d’heure et marche sur les hommes de Guy Roux: 3-0 après une demi-heure (dont un slalom de Weah et une bonne ogive pied gauche de Le Guen). David Ginola viendra finir le travail en deuxième mi-temps après un petit festival sur son coté gauche, 4-0 merci au revoir. Le PSG, trop fort, remportera facilement le championnat de France. Les titulaires ce soir-là côté parisien: Lama, Gomes, Colleter, Roche, Fournier, Le Guen, Guerin, Rai, Valdo, Weah, Ginola.
“C’est l’aboutissement d’une superbe saison. Les plus réguliers sont allés au bout.” A. Roche
23 septembre 1997: le Bayern s’en sort d’un cheveu contre Wolfsburg, au 2eme tour de la DFB Pokal. Les champions d’Allemagne en titre, se font peur dans ce match, menés 2-0 par les verts et blancs après 45 minutes de jeu. Avec une belle petite équipe sur le papier (Scholl, Kahn, Babbel, Lizarazu, Jancker, Elber), les bavarois renversement complètement le match et mènent 3 buts à 2 après 85 minutes de jeu, grâce à deux offrandes de Mehmet Scholl. Sauf que Prager va égaliser pour Wolfsburg quelques secondes plus tard, et envoyer le match en prolongations. Rien à signaler ensuite, jusqu’à la séance de tirs aux buts. Ça assure côté munichois, Michael Tarnat convertit le dernier ballon pour qualifier son équipe. Et ça tombe plutôt bien, puisque le Bayern ira remporter la compétition en finale contre Duisbourg (but vainqueur de Mario Basler à la 89ème). Le foot se joue à 11, mais à la fin, c’est souvent le Bayern qui gagne.
23 septembre 2010: les Corinthians renversent Santos, pour la 24ème journée du championnat brésilien. Les 11 000 spectateurs sont chanceux, le plateau est garni. Le jeune Neymar bien sûr, mais aussi la grosse filière italienne: Alex Sandro, Danilo et Rafael Cabral côté Santos, Julio Cesar et Leandro Castan côté Corinthians. Roberto Carlos quant à lui, entame son tour du monde par un retour aux pays avec le grand joker. Un beau casting pour une rencontre attendue, entre Santos et son prodige de 18 ans, et les Corinthians, leaders du championnat. Ces derniers, menés deux buts à un après une demi-heure, vont renverser le match grâce à Elias (42’), futur joueur de l’Atlético Madrid et du Sporting Portugal, et Paulo André (70’). Un nom qui parlera à nos amis manceaux (le coup de casque à Louis II, Yohann Pelé en fait encore des cauchemars). Voilà, pas grand chose à dire de plus, hormis la hype insensée de Neymar.
En attendant Doha.
En attendant la Coupe du Monde au Qatar qui débutera dans quelques semaines, nous vous proposons de revenir sur un match qui a marqué l’histoire du Mondial. Première étape: Gelsenkirchen, près de Dortmund, pour le match de poule entre la Yougoslavie et le Zaïre, le 18 juin 1974. Ce jour-là, le football est passé au second plan. Pour remettre un peu de contexte, le Zaïre (nom donné à l'actuelle république démocratique du Congo entre 1971 et 1997) vient de remporter la Coupe d’Afrique des Nations et a réussi à se qualifier pour le Mondial en Allemagne après une superbe victoire face aux marocains (3-0). Après l’Egypte en 1934 et le Maroc quatre ans plus tôt, c’est seulement la troisième équipe africaine à participer à la compétition. De l’autre coté, la Yougoslavie, finaliste de l’Euro 1968, n’a pas participé aux deux dernières éditions organisées en Angleterre et au Mexique.
Dans un groupe relevé avec le Brésil, orphelin du Roi, et l’Ecosse, le Zaïre a de l’ambition, sous les ordres de Blagoje Vidinić, ancien sélectionneur du Maroc qui avait emmené les Lions de l’Atlas à Mexico. L’équipe africaine, composée en grande partie de joueurs du Tout Puissant Mazembe et du Vita Club (vainqueur de la Ligue des champions de la CAF 1973), se fait malmener par l’Ecosse dès le premier match (0-2), pendant qu’une surprenant Yougoslavie accroche le Brésil (0-0). Quatre jours plus tard, le Zaïre retrouve donc la bande de Josip Katalinski , dans un match crucial pour espérer jouer la qualification.

Sauf qu’il y a un petit problème, le genre d’affaires qui peut faire voler en éclat les espoirs de tout un pays. Le président Mobutu, qui a pris le pouvoir en 1965 après un coup d’état, misait beaucoup sur le sport pour mettre en valeur son pays et le faire briller aux yeux du monde (cf. combat Mohamed Ali-George Foreman en octobre 1974 à Kinshasa). Comme dans beaucoup de régimes dictatoriaux, le sport est souvent la meilleure des vitrines. La participation des Léopards à la Coupe du Monde est donc une très bonne nouvelle pour le président, surtout qu’elle a entraîné le versement d’une belle prime de la part de la FIFA. Une prime que la fédération zaïroise était censée reverser en partie aux joueurs, chose qu’elle n’a toujours pas faite le jour du match. Agacés par la situation, Bwanga, Mulamba et cie ne vont pas se laisser faire. En guise de protestation, les joueurs font “grève” sur le terrain (le gardien Kazadi est remplacé dès la 21’, suspecté par le staff de ne pas vouloir plonger), et le match tourne rapidement au ridicule.
“Nous avons décidé de ne pas jouer.” Pierre Ndaye Mulamba, capitaine du Zaïre.
Le résultat est salé: 9-0 pour les yougoslaves, une débâcle qui a marqué ce mondial et était à l’époque, la plus grosse défaite de l’histoire de la compétition (à égalité avec la victoire de la Hongrie 9-0 contre la Corée du Sud en 1954). Une humiliation pour le staff, le pays, le régime de Mobutu, et aussi pour les joueurs, dont la plupart rêvait de briller en Allemagne pour taper dans l’oeil des recruteurs européens. Contre le Brésil lors du dernier match de poule, les Léopards s’inclinent sèchement trois buts à zéro, un soulagement pour eux. Car à un but près, les joueurs finissaient en prison, l’ultime menace du régime de Mobutu à une équipe qui l’avait complètement lâché. La fin du “mobutisme sportif”, la fin d’une ère dorée pour le football congolais, qui ne se relèvera jamais de cet échec.
Jimmy Floyd Hasselbaink, l’oublié.
Quand on a un nom pareil, compliqué de ne pas réussir dans la vie. À Hollywood, c’était l’oscar assuré. Mais Jimmy a préféré le football, et bien lui en a pris. Né au Suriname comme pléthore d’internationaux néerlandais (Davids, Seedorf), Jimmy Floyd Hasselbaink a démarré timidement à Alkmaar, en deuxième division, avant de vadrouiller un peu partout en Europe. Au Portugal à Boavista, le joueur de 23 ans dévoile tout son potentiel et inscrit 20 buts: de la tête pas mal, et sur coup-franc aussi. L’attaquant va vite, très vite, et les recruteurs de Leeds vont se dépêcher eux aussi pour le recruter. Quasiment 3 patates et un contrat plus tard, le néerlandais découvre la Premier League, mais c’est surtout elle qui va le découvrir. Les Peacocks ont fini 11ème l’année passée, sans réel numéro 9.
Avec Jimmy devant, la chanson n’est plus du tout la même et le club joue les troubles fêtes à l’avant du classement, 5ème derrière le Big 4. Avec 16 pions marqués, le néerlandais préchauffe, son équipe aussi. La saison suivante, rebelote: Hasselbaink finit meilleur buteur (ex-aequo avec Owen et Yorke) et meilleur passeur (ex-aequo avec Bergkamp) de Premier League, Leeds termine 4eme et se qualifie donc pour la Coupe UEFA. La version finale a été livrée dans le Yorkshire: vitesse, puissance, les deux pieds et le jeu de tête. L’attaquant d’1m83 est devenu monstrueux, Vegard Heggem ne pourra pas vous dire le contraire. L’Atletico Madrid, 14ème de Liga en 99 et forcément déçu, cherche à se renforcer offensivement et séduit le néerlandais, en froid avec sa direction pour question salariale (coucou Luis).
“Je ne voulais pas partir. Je passais un bon moment là-bas, et je voulais signer un nouveau contrat. Mais j’ai été critiqué et transformé en bouc-émissaire à Leeds.” JFH après son transfert à Madrid.

Avec Ranieri sur la banc, les Colchoneros ont de l’ambition mais rien ne va se passer comme prévu. Une saison cauchemardesque pour le récent demi-finaliste de la Coupe UEFA, seulement 9 victoires en 38 rencontres. Le club coule, mais le néerlandais surnage. 24 buts en championnat (50% du total de son équipe), deuxième derrière Ballesta du Racing Santander, la moisson a été bonne malgré les résultats collectifs désastreux et la 19eme place (!) de son équipe. Juste derrière, on retrouve le FC Seville, relégué lui aussi (!). Le bug de l’an 2000, qui plus est avec le Deportivo champion.
Chelsea propose alors 15 millions pour le joueur, qui revient en Angleterre avec un maillot different sur les épaules. Sacré rivalité entre Chelsea et Leeds depuis les années 60, donc le transfert passe moyen moyen du côté du Yorkshire. Mais tant pis, Hasselbaink débarque à Londres pour tout casser, et c’est exactement ce qu’il va faire. Meilleur buteur de Premier League avec 23 pions, la sauce est toujours la même pour les défenseurs. Pied droit pied gauche, avec finesse ou sans aucune, en vitesse ou complètement arrêté, Jimmy sait tout faire et le fait plutôt bien. Un peu comme si Eddie Murphy fusionnait avec Akinfewa, tout ça sur un terrain de football.

L’Angleterre retombe sous le charme. Eiður Guðjohnsen aussi. La paire d’attaque islando-néerlandaise va faire des merveilles, cumulant 91 buts en deux saisons avec les Blues. Avec Poyet, Zola ou Lampard avec eux, les deux feux-follets se régalent et en font profiter les supporters. En 2002, malgré ses 23 buts, le trône de meilleur buteur est cédé à un petit français d’Arsenal qui jouait plutôt bien au pied-ballon. Hasselbaink en profite d’ailleurs pour gratter quelques sélections, une vingtaine au total, aligné régulièrement avec Patrick Kluivert et Ruud Van Nistelrooy. Sur le papier sacré trio, mais côté palmarès… bon les Pays-Bas quoi. Mais après deux saisons chez les Blues, JFH se blesse aux ischio-jambiers et aura bien du mal à s’en remettre. Il continue à marquer, la quinzaine à chaque fois, mais l’arrivée d’Abramovitch en 2003 va finalement lui coûter sa place. À couts de millions d’euros, l’oligarque pioche dans tous les championnats et ramène Crespo et Mutu, qui grapillent le temps de jeu de notre cher Jimmy. En demi-finale de Ligue des Champions contre Monaco, Hernan est titulaire à l’aller et fait trembler les filets, Hasselbaink est préféré au retour, et ne marque pas. Les Blues sont sortis, et Jimmy va prendre la porte. S’en suit une halte de deux ans à Middlesbrough où le néerlandais fait le job avec 33 pions en deux ans, puis à Charlton toujours en Premier League et enfin à Cardiff, terminus de notre voyage.
“Je suis un homme du football, c'est toute ma vie. Si j’avais pu jouer jusqu’à mes 80 ans, je l’aurai fait évidemment.” Hasselbaink dans une interview pour Graham Hunter.
Une belle aventure à travers le Vieux Continent, mais au fond, un léger sentiment de gâchis. Car JFH avait tout pour plaire et pour écrabouiller tout le monde, mais il l’a fait pendant 5 ou 6 ans seulement. “Dommage” comme dirait Titi. Dans un monde où Greaves et Johnstone n’existent pas, ce Jimmy était sûrement le plus grand.
À pile ou face.
Un tir au but n’est pas un penalty, c’est un abus de langage. Surtout qu’avant 1970, le tir au but n’existait même pas. En cas d’égalité après les prolongations, le match était soit rejoué, soit…. tiré au sort. C’est en tout cas ce qui s’est passé en 1968, lors du championnat d’Europe organisé en Italie. En demi-finale, la Squadra Azzurra de Zoff et Facchetti n’arrive pas à se défaire des soviétiques, la faute à pas de chance. La météo est capricieuse déjà, étonnant en plein mois de juin dans le sud-ouest de la botte. Mais surtout, Gianni Rivera, icône rossoneri et ballon d’or 1969, se blesse après quelques minutes de jeu et ne peut pas se faire remplacer, la règle du remplacement n’étant pas non plus en vigueur à l’époque. À 10,5 contre 11 et forcément à la peine offensivement, l’Italie ne parvient pas à marquer: 0-0 après les prolongations.
“Un autre de mes coéquipiers souffrait de crampes, alors on a terminé le match à neuf et demi.” Facchetti revenant sur la rencontre.
Déjà éliminés par la bande de Lev Yachine quatre ans plus tôt, les italiens veulent leur revanche. Les 68 000 spectateurs du Stade San Paolo de Naples retiennent leur souffle, mais la suite du match ne va pas se dérouler sur le terrain. Car le règlement n’a pas prévu un tel scénario. Les deux capitaines et l’arbitre se retrouvent alors au vestiaire pour faire… un pile ou face, avec ce qu’ils ont sous la main. Giacinto chope le bon côté, l’URSS prend la porte, l’Italie se qualifie pour la finale. Sur les bords du Vésuve, San Paolo entre en éruption quand le capitaine italien revient sur le terrain pour annoncer la bonne nouvelle, le poing levé.
Le modus operandi est le même, aux Jeux Olympiques au Mexique en octobre, quand la Bulgarie et l’Israël n’arrivent pas à départager après les deux heures réglementaires. Le secrétaire général de l’association de football israélien, Yosef (ou Joseph) Dagan est perplexe: pourquoi conclure un match nul par une règle qui l’est encore plus. Il s’interroge, et contacte rapidement la FIFA en proposant l’alternative des tirs aux buts, qui mettra plusieurs années à l’adopter. Il faut attendre la Nuit de Séville en 1982, pour voir la première séance de tirs aux buts en Coupe du Monde entre la France et la RFA. Mais l’idée a déjà fait son chemin, traversant même la Manche. En Angleterre, on s’accapare la méthode dès 1970, durant un tournoi de préparation entre Hull City et Manchester United.
Sa Majesté George Best est alors devenu le premier joueur de l’histoire à marquer un tir au but. Heureusement pour lui, il n’y avait pas de bar entre le rond central et le point de penalty.
Qui suis-je ?
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J’ai joué avec Cristiano, mais pas avec Nani. J’ai joué avec Fernando mais pas avec Morientes. J’ai joué avec Rothen, mais pas avec Giuly. J’ai joué avec Christophe Dugarry mais pas avec Bixente Lizarazu. J’ai joué avec Mickaël Landreau mais pas avec Marama Vahirua.
J’ai commencé ma carrière au Stade Rennais dans les années 90. Une pige en Italie à l’Inter, puis Manchester United pendant de longues années, Arsenal et le Werder. J’ai plus de sélections en équipe de France que Payet, Gourcuff et Debuchy.
Je suis né en 1963 au Brésil, pas très loin de la frontière paraguayenne. Jusqu’en 1987, je vadrouille au Brésil pour lancer ma carrière. L’Europe m’ouvre alors ses portes et je débarque à Pise, puis à Florence où j’y côtoie Il Divin Codino. Quatre ans là-bas, un stop à Pescara, puis l’Allemagne à Stuttgart avant de terminer au Japon. Pas la plus belle fin de carrière, mais qui me permet quand même de participer à ma troisième Coupe du Monde en 1998.
J’ai joué plus de 250 matchs pour City, une centaine pour Chelsea, tout l’inverse de mon père adoptif, qui a fait les beaux jours d’Arsenal et de Crystal Palace.
Pendant sept ans, j’ai tâté le cuir à Eindhoven, remportant là-bas quatre Eredivisie. La sélection m’ouvre ses portes, je participe au Mondial 2010, je signe au Barça, avec lequel je joue seulement… 35 matchs. Le ligament a sauté, ma carrière avec.
J’attends vos réponses en commentaires !
Jean-Baptiste
Quel travail ! Je te félicite pour cet énorme boulot, tu as pris du plaisir en l'écrivant et nous en le lisant ! Bon courage pour la suite du projet !
Super travail !
Comme toujours dans ton travail, on sent ta passion, et on apprend plein de choses !
Félicitations pour cette édition, en espérant en voir d'autres !